Les conditions internes de l’éducation populaire

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Le travail populaire s’effectue en deux moments : la réflexion et l’action. Le premier moment (réflexion) est essentiellement de nature éducative. Il s’agit en réalité d’une activité théorique, qui vise à comprendre la réalité, à sensibiliser. Certains éléments constituent le contexte de la partie éducative proprement dite du travail de terrain. Ce sont les conditions qui accompagnent et encadrent le processus d’éducation populaire.

Le dialogue

Toute éducation se déroule dans une dynamique de dialogue. Tout d’abord, il faut éviter tout endoctrinement, qui consiste à remplir la tête des gens avec des systèmes d’idées ou des schémas d’action tous faits. L’éducation populaire, qui consiste à transférer des connaissances de l’agent au peuple, a été appelée la « conception bancaire » de l’éducation. Elle conduit nécessairement à la division de la société en deux parties, dont l’une est au-dessus de la société. Il s’agit donc d’une forme d’éducation autoritaire, puisqu’elle suppose qu’une partie sait, parle et enseigne et que l’autre partie ignore, écoute et apprend.

Le rôle de l’agent est ici d’encourager le débat et de stimuler la participation de tous au débat. Il s’agit de permettre au mot de circuler librement et librement. Cette forme d’éducation se situe donc entre la conversation informelle et le discours. Le dialogue exige une certaine discipline : celle d’écouter et de parler (sans s’interrompre) et celle de centrer la discussion sur un problème défini et circonscrit (sans digressions). D’où l’importance du rôle de l’animateur ou du coordinateur. Il convient de noter que le dialogue est basé sur la pratique. La pratique est la référence constante du dialogue et non les idées ou les idéaux.

La participation

Tout commence par la participation à la parole, au dialogue, aux décisions. Dans une réunion de réflexion, il n’y a pas seulement une formation ou une préparation à la vie politique. Une vie politique s’y déroule déjà dans la mesure où la participation des connaissances, de la pensée et des projets a lieu. Indépendamment du contenu, une réunion doit montrer, par sa dynamique participative, qu’il s’agit de démocratie, de pouvoir populaire. En fait, la lutte n’est pas seulement contre les agents d’oppression, externes au peuple, mais aussi contre les relations d’oppression, internes au peuple, à sa conscience et à sa pratique quotidienne.

La politique, c’est participer, c’est lutter contre toute oppression, qu’elle s’incarne dans des agents concrets ou dans des comportements spécifiques. C’est pourquoi la politique s’inscrit aussi dans la vie quotidienne, d’une conversation à l’organisation d’une salle. D’où il ressort que la politique en tant que participation est une dimension interne de toute pratique collective : familiale, religieuse, etc.

La communauté

L’éducation se déroule dans le contexte de la communauté. La communauté est l’espace de dialogue. Elle est comme un « intellectuel collectif ». C’est ensemble que le peuple est éduqué. L’un est le maître de l’autre, l’autre est l’élève de l’autre. Dans le groupe, il y a un partage des expériences et des leçons que la vie a enseignées. De même que le peuple est le « sujet historique » du pouvoir, il est le « sujet collectif » de la connaissance.

L’agent peut sans aucun doute inciter la communauté à faire un bond en avant. En faisant partie du groupe et de son parcours, il peut et doit contribuer à la croissance de la communauté par ce qu’il voit et sait. Cette fonction s’exerce surtout au moment du décodage ou de la compréhension critique et systématique de la réalité. En fait, c’est la médiation :

  • De la conscientisation ;
  • De participation ;
  • De la solidarité ;
  • De mobilisation.